L'agriculture au féminin
2021 est l'année de l'agriculture aux Archives nationales du monde du travail.
Façonner la terre, domestiquer et élever les animaux, faire progresser les techniques et les outils : l’agriculture recouvre des réalités multiples. Du paysan travaillant dans les rizières d’Indochine aux syndicalistes de Massey-Ferguson, en passant par les sucreries du nord de la France ou le gigantisme des paysages américains, cette diversité des mondes agricoles aux XIXe et XXe siècles est richement documentée et illustrée dans les fonds des ANMT.
Chaque mois, nous vous faisons réfléchir, rêver ou voyager autour de cette thématique à partir de documents inédits.
Souvent perçu comme un milieu d’hommes, l’agriculture est aussi un monde de femmes. Cantonnées aux tâches domestiques (éducation des enfants, entretien de la maison), leur rôle a longtemps été minoré. Traditionnellement, elles aident pourtant leurs époux dans certains travaux directement liés à la ferme : traite des vaches, soins aux animaux, participation aux semailles et récoltes, etc. Entre vie du foyer et vie de l'exploitation, l'équilibre économique de la ferme dépend ainsi très étroitement de leur activité.
Le mouvement d'émancipation des femmes au XXe siècle ainsi que la modification en profondeur de l’activité agricole à partir des Trente Glorieuses vont constituer un cadre favorable à une évolution de la place des femmes dans l’agriculture. En France, elles obtiennent en 1980 le statut de « co-exploitante » qui leur ouvre des droits (la retraite) et reconnaît pleinement leur travail. L’égalité professionnelle au sein même du couple est acquise en 2010, avec la réforme des GAEC qui permet aux conjoints d’être reconnus comme collaborateurs ou aux agricultrices de s’associer avec un tiers.
En donnant un statut social et une place aux femmes, le milieu agricole se féminise. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la part des femmes cheffes d’exploitation ou co-exploitantes est passé de 8 % en 1970 à 27 % en 2010. Les formations agricoles ont également joué un rôle en ouvrant leurs portes aux femmes : les lycées agricoles ont permis aux jeunes filles d’accéder à des hauts niveaux d’études (BTS) et d’être mieux formées pour reprendre et diriger une exploitation agricole. Les dernières enquêtes ont ainsi démontré que les agricultrices sont plus diplômées que leurs homologues masculins.
En reconnaissance de l’activité sociale et économique généré par les femmes dans le milieu agricole, l’Assemblée générale des Nations unies de décembre 2007 a désigné la date du 15 octobre comme la journée internationale de la femme rurale.
Soutenue par la FIPA, la Women’s World Summit foundation célèbre cette journée afin de mettre en lumière le « rôle et l’apport décisifs des femmes rurales, notamment autochtones, dans la promotion du développement agricole et rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté en milieu rural ».
À l’exception de l’affiche publicitaire issue de la collection des pièces isolées des ANMT, l’ensemble des documents présentés ici provient des archives de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA), respectivement déposées en 2017 et 2019 puis classées en 2020. Le fonds de la FNSEA est exclusivement constitué d’archives photographiques et audiovisuelles du début du XXe siècle aux années 1990. Elles offrent un regard sur les métiers agricoles, les activités et la vie rurale en France et en Europe. Le fonds de la FIPA (53 ml) est constitué d’archives papier et de reportages photographiques pour les années 1946 à 2015. Cette ancienne organisation représentait 600 millions d’exploitations agricoles familiales établies dans 80 pays. |