"Ohé, du bateau !" : pêcher pour nourrir les Hommes
2021 est l'année de l'agriculture aux Archives nationales du monde du travail.
Façonner la terre, domestiquer et élever les animaux, faire progresser les techniques et les outils : l’agriculture recouvre des réalités multiples. Du paysan travaillant dans les rizières d’Indochine aux syndicalistes de Massey-Ferguson, en passant par les sucreries du nord de la France ou le gigantisme des paysages américains, cette diversité des mondes agricoles aux XIXe et XXe siècles est richement documentée et illustrée dans les fonds des ANMT.
Chaque mois, nous vous faisons réfléchir, rêver ou voyager autour de cette thématique à partir de documents inédits.
Avec la chasse et la cueillette, la pêche fait partie des premiers moyens de subsistance de l’homme. Cette activité est pratiquée dans les eaux les plus proches (cours d’eau, rivages côtiers) dans lesquelles les hommes attrapent à l’aide de filets différentes espèces de poissons (truites, saumons, crustacés).
Cette pêche de subsistance va se transformer au fur et à mesure des découvertes techniques. L’apparition du bateau à rame puis à voile participe à faire de la pêche un commerce lucratif et crée un corps de métier : celui du marin pêcheur. Les révolutions industrielles des XIXe et XXe siècles bouleversent les savoir-faire et les traditions ancestrales de cette activité halieutique : la pêche traditionnelle s’efface progressivement au profit d’une pêche dite industrielle.
Grâce à la maîtrise de la vapeur et de la métallurgie, l’homme crée des navires motorisés dont le premier sort des chantiers anglais de Leith en 1877. Les armateurs développent alors un nouveau type de bateau : le chalutier qui tient son nom du filet de pêche, le « chalut » traîné à l’arrière afin d’attraper les poissons. Ces bateaux, fiables et économiques, munis d’hélices à propulsion à la fin du XIXe siècle, permettent aux marins pêcheurs de s’éloigner des zones côtières pour étendre leurs zones de pêches vers la haute mer.
Les deux guerres mondiales marquent également un tournant dans l’activité halieutique. La grande majorité de la flotte de pêche est détruite puis reconstruite et améliorée sous l’impulsion de l’État. Les chalutiers sont dorénavant tous motorisés et équipés d’espaces réfrigérés.
Le froid, contrairement au salage, favorise la conservation des aliments frais de manière plus pérenne. Ce nouveau procédé permet aux marins d’effectuer des sorties en haute mer plus longtemps afin d’y pêcher une plus grande quantité de poissons qui sera ensuite revendue à la criée.
Au tournant du XXIe siècle, la production mondiale de la pêche s’équilibre entre pêche maritime et aquaculture. Celle-ci s’est en effet développée de manière exponentielle ces dernières décennies. L’élevage du poisson (saumons et truites) et autres crustacés permet un approvisionnement des marchés tout au long de l’année pour un coût inférieur, incitant les consommateurs à diversifier leurs habitudes alimentaires.
Focus : la mariculture a entraîné au fil des siècles une modification des paysages côtiers dont les meilleures illustrations sont les parcs à huîtres installés le long des littoraux normands et atlantiques.
Quelques chiffres :
En 2017, la France est le 4e pays pêcheur en Europe avec 556 000 tonnes de produits de la mer pêchés et débarqués, ainsi que le 3e producteur en aquaculture avec un peu plus de 177 000 tonnes.
La France possède 6 379 navires de pêches, ce qui en fait la 5e flotte de l’Union européenne. Néanmoins le pays n’est pas autosuffisant en consommation, puisqu’il importe 1,2 million de tonnes de poisson en 2017.
La pêche génère 13 540 emplois direct de marins en France (dont 30 % dans les départements et territoires d’Outre-mer).
Le fonds de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) est exclusivement constitué d’archives photographiques et vidéographiques du début du XXe siècle aux années 1990. Ces documents permettent de découvrir les métiers agricoles, les activités et la vie rurale en France et en Europe. Le fonds des Ateliers et chantiers de France (Dunkerque) est parvenu aux ANMT parmi les différentes archives (entrées 1988 5, 1988 6 et 1998 8) confiées par les Chantiers du Nord et de la Méditerranée (Normed) au moment de leur liquidation en 1988. On y trouve notamment une collection de microfiches reproduisant des plans de bateaux construits dans les chantiers navals de la Ciotat et de Dunkerque entre 1902 et 1962. La société Rosario fut la propriété de la famille Hersent : elle était spécialisée dans les investissements et possédait de nombreuses filiales. Parmi celles-ci, la Compagnie franco-marocaine de Fedala avait été fondée en 1912 afin de gérer la construction d’un nouveau port et des installations industrielles à Fedela (aujourd’hui Mohammedia), localité située sur la côte atlantique marocaine. Les cartes postales et la carte scolaire sont conservées dans la collection des pièces isolées des ANMT. |
Pour aller plus loin :
Tableaux de l’économie française de 2020 (INSEE)