Vivre à la ferme : l’évolution de l’habitat paysan du XIXe siècle à nos jours
2021 est l'année de l'agriculture aux Archives nationales du monde du travail.
Façonner la terre, domestiquer et élever les animaux, faire progresser les techniques et les outils : l’agriculture recouvre des réalités multiples. Du paysan travaillant dans les rizières d’Indochine aux syndicalistes de Massey-Ferguson, en passant par les sucreries du nord de la France ou le gigantisme des paysages américains, cette diversité des mondes agricoles aux XIXe et XXe siècles est richement documentée et illustrée dans les fonds des ANMT.
Chaque mois, nous vous faisons réfléchir, rêver ou voyager autour de cette thématique à partir de documents inédits.
Au XIXe siècle, les agriculteurs et leurs familles vivent dans un habitat exigu et en quasi-autarcie. La cheminée au feu de bois chauffe l’habitation et l’eau est puisée aux puits du village. L’exploitation et le potager permettent de faire vivre la famille, le surplus étant revendu aux marchés ou foires agricoles.
La première moitié du XXe siècle est celle des deux guerres mondiales. Les paysans payent un lourd tribut : occupations et pillages, pertes humaines et animales.
Ce n’est qu’après 1945 que le monde agricole mute profondément : il faut panser les plaies mais surtout nourrir le pays. On reconstruit et modernise les fermes.
Afin de remplacer une génération disparue d’ouvriers agricoles, on fait appel à une main-d’œuvre immigrée tout en développant massivement le recours aux machines (pour aller plus loin : document du mois de juin sur le machinisme agricole). La rationalisation de la production se développe : la monoculture est encouragée et les prairies aux alentours des fermes disparaissent.
À partir du milieu des années 1950, la France connaît une croissance exceptionnelle : ce sont les Trente Glorieuses.
Le marché de l’emploi est dynamique et un exode rural touche les jeunes, attirés par des salaires plus élevés en ville. Ceux qui restent agrandissent leurs fermes avec de nouveaux aménagements. L’eau arrive à la ferme avec des châteaux d’eau, pompes à eau ou puits. Il faut attendre 1976 pour que l’adduction d’eau soit systématisée.
À l’intérieur de la ferme, la cheminée est remplacée progressivement par une gazinière qui réchauffe la pièce en même temps que les repas, puis apparaît le chauffage central.
L’électricité se généralise tandis que le téléphone fait son apparition au sein du foyer.
À partir des années 1960, la Politique agricole commune (PAC) favorise le développement rural. Les étables sont remplacées par des hangars plus spacieux et pouvant accueillir plus de bestiaux dans de meilleures conditions.
Les agriculteurs vivent désormais dans des conditions de confort proche de celles des citadins. Des bâtiments agricoles ultra-modernes sont construits, avec des équipements performants. L’informatisation ne cesse de progresser, allant jusqu’à la mise en place de robots pour nettoyer les étables.
Focus : dans les campagnes françaises du XXe siècle, on distingue habituellement quatre types de fermes :
- la ferme élémentaire, visible dans toutes les régions
- la ferme en ordre serré qu’on trouve particulièrement en Picardie
- la ferme en ordre lâche présente dans le Nord et l’Ouest
- la ferme en hauteur présente dans les régions montagneuses, les hauts plateaux et hautes vallées
Le fonds de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) est exclusivement constitué d’archives photographiques et vidéographiques du début du XXe siècle jusqu’aux années 1990. Ces documents permettent de découvrir les métiers agricoles, les activités et la vie rurale en France et en Europe. Le fonds de l’architecte Albert Quiquempois comprend quasi exclusivement des dossiers d’affaires. Il témoigne de l’activité de reconstruction importante dans la région de Dunkerque après la Seconde Guerre Mondiale. Le fonds de la Compagnie des mines de Béthune (Pas-de-Calais) documente le fonctionnement de cette compagnie minière, de sa constitution en 1850 jusqu’à sa nationalisation en 1946. |