Inventer pour lutter contre les marées noires : l’innovation technique face aux complexités administratives !
Le 16 mars 1978, le pétrolier Amoco Cadiz s’échoue sur les côtes bretonnes occasionnant une catastrophe écologique sans précédent. Cet événement va servir d’électrochoc pour la mise en place d’une stratégie de lutte contre la pollution.
Ainsi en mars 1979, le Conseil des Communautés européennes demande à la société SAPIENS (basée à Paris) de réaliser une étude de faisabilité, détaillant les moyens de récupération mécaniques (barrages, écrémeuses, réservoirs marins) et physico-chimiques à mettre en œuvre ainsi que les méthodes d’évacuation.
Peu connu, cet épisode permet d'observer le fonctionnement complexe des institutions européennes. Un véritable aréopage d’entreprises se met en effet au service de la cause environnementale : SAPIENS contacte les sociétés susceptibles de proposer projets ou réalisations de navires de lutte contre la pollution. La société d’Ingénierie maritime et commercialisation (IMC) est sollicitée car elle développe depuis 1975 un procédé breveté de navire récupérant les hydrocarbures en mer. IMC travaille pour cela en association avec une autre entreprise : la société d’ingénieurs-conseils BJ Consultant. Cependant, elle n’avait pas pu financer de prototype de son « véhicule lourd d’intervention contre la pollution » (VLIP) faute de moyens suffisants.
Une quatrième société se met alors dans la course en 1979 : les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM), située à La Seyne-sur-Mer (Var). Celle-ci est chargée de construire un prototype et de réaliser des essais pour présenter le « VLIP » sur le marché. C’est de cette dernière étape que traite le dossier conservé par les Archives nationales du monde du travail : il témoigne d’une volonté en définitive très limitée des CNIM d’investir dans le projet, se contentant d’une phase exploratoire. Rapports, études, notes techniques, plans et correspondance documentent cette invention mais aussi les difficultés financières de sa mise en fabrication. Une autre catastrophe viendra pourtant démontrer le besoin criant en la matière : le 7 mars 1980, un autre pétrolier, le Tanio, s’échoue sur les côtes bretonnes.
Les archives des Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM) constituent aux ANMT un sous-ensemble du fonds dit des Chantiers navals du Nord et de la Méditerranée (NORMED). Au total, les archives de ce groupe représentent 360 ml. À noter : les ANMT conservent également les archives de l’ancêtre des CNIM, appelées « Société des forges et chantiers de la Méditerranée » de 1856 à 1966, date de sa reprise par le groupe Herlicq. Ce fonds complémentaire compte plus de 400 ml d’archives. |