La lutte professionnelle. Sandra Porter : entre sport et spectacle
Athlète de renommée internationale, Sandra Porter est une lutteuse professionnelle française du début des années 1930. Elle est à la tête d’une troupe d’athlètes qui parcourt l’Europe pour des exhibitions et des compétitions présentées sous le titre de "Championnat de lutte féminine".
Discipline sportive ancestrale, la lutte est un sport de combat qui se pratique à mains nues. Son objectif est de remporter le combat de deux manières possibles : soit en faisant tomber l’adversaire sur le sol au moyen de combinaisons technico-tactiques et en maintenant ses deux épaules collées au tapis (le tombé), soit en gagnant aux points techniques attribués en fonction de la complexité et de l’amplitude des combinaisons.
En dehors des luttes traditionnelles spécifiques tel le Sumo japonais ou les Güres turcs, il existe trois types de luttes olympiques : la lutte gréco-romaine, la lutte libre et la lutte féminine. La lutte gréco-romaine, premier style de lutte présent aux Jeux olympiques modernes dès 1896 à Athènes, ne se pratique que sur le haut du corps, le règlement ne permettant que des actions au-dessus de la ceinture. La lutte libre, entrée aux Jeux olympiques en 1904, se pratique quant à elle sur tout le corps et permet toutes formes d’attaques de jambes. Enfin, la lutte féminine, forme de lutte libre adaptée aux femmes, entre aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004.
Parallèlement à ces luttes sportives, se développe dès le XIXe siècle une forme de lutte de spectacle, appelée "lutte professionnelle", principalement dans les foires et fêtes foraines. Celle-ci met en scène un assemblage de techniques émanant de différentes écoles traditionnelles. Des troupes de luttes professionnelles se forment dès la seconde moitié du XIXe siècle, gérée par des "agents" qui organisent des combats dans des cabarets et casinos. Dès le début du XXe siècle, cette forme de lutte perd de plus en plus son caractère sportif au profit d’un spectacle aux rencontres parfois truquées. Aujourd’hui, cette "lutte professionnelle" est connue sous le nom de catch.
Le cliché présentant Sandra Porter au combat, ainsi que l’affichette des championnats du monde de lutte et l’acte d’engagement, sont issus d’un ensemble de documents donné en 2009 par la famille de Sandra Porter aux Archives nationales du monde du travail, par l’intermédiaire des Archives départementales des Hautes-Alpes et de l’Académie olympique française (ANOF). Ce petit ensemble, représentant au total 0,20 ml d’archives, propose une collection de 16 photographies et de 4 affiches, mais également les contrats d’engagement de Sandra Porter et de sa troupe, sa correspondance avec les directeurs de spectacles, et les programmes de ses exhibitions. L'ensemble documente le fonctionnement d’une troupe de lutteuses professionnelles dans le courant des années 1930 qui vend aux directeurs de salle de spectacle ou aux agences artistiques non pas des rencontres sportives mais bien des "représentations" comme l’indiquent les contrats d’engagement. |