À l’occasion de l’édition 2023 du Printemps de l'Art déco, regard sur ce style phare des années folles à travers les fonds d'archives, notamment ceux de l’architecte toulousain Léon Jaussely et du moine bâtisseur Paul Bellot.
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L’Art déco est né d’une volonté d’en finir avec l’imitation des styles du passé afin de créer des formes inédites qui répondent aux besoins du XXe siècle.
Les artistes de l’entre-deux-guerres veulent être en phase avec leur époque.
Comme les années 1920 sont celles de la vitesse, ils s’inspirent des nouveaux modes de transport, en particulier les voitures et les paquebots, pour donner naissance à des compositions dynamiques marquées par la simplification des formes et la géométrisation des lignes.
Projet de palais du tourisme pour l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme (Grenoble, 1925). Impression d'un plan réalisé par Léon Jaussely, décembre 1923. De nombreux éléments contribuent à la modernité de la composition : la stylisation du décor et notamment des figures ailées qui encadrent la façade principale, les portes à pans coupés, mais surtout la vertigineuse succession de volumes octogonaux qui coiffent l’édifice. ANMT 1997 25 414. Fonds Léon Jaussely, architecte.
À première vue, l’Art déco semble très éloigné du courant qui l’a précédé, l’Art nouveau. Le premier se caractérise par ses lignes droites et ses volumes élémentaires inspirés par le cubisme alors que le second privilégiait les courbes rappelant les formes de la nature.
Pourtant, à bien y regarder, l’Art déco apparaît plutôt comme un prolongement de son prédécesseur. Les motifs floraux, si chers aux peintres et architectes Art nouveau, sont toujours présents, mais sous une forme géométrisée et bien souvent enserrés entre les lignes droites des pièces de ferronnerie ou des bas-reliefs qui ornent les façades construites pendant l’entre-deux-guerres.
Projet de pavillon du journal Le Petit Dauphinois et de l’agence Havas (exposition internationale de la houille blanche et du tourisme, Grenoble, 1925). Dessin au crayon à papier et à l’encre sur papier cartonné réalisé par Léon Jaussely, décembre 1924. ANMT 1997 25 402. Fonds Léon Jaussely, architecte.
Les villes du nord ont été particulièrement touchées par la guerre et ont besoin d’être reconstruites une fois le conflit terminé.
L’Art déco s’affiche alors sur les nouvelles façades des bâtiments publics, mais également des édifices religieux ou des immeubles et maisons de particuliers.
L’édification de la nouvelle église de Comines (département du Nord) d’après les plans de l’architecte Paul Bellot (dit dom Bellot) après la destruction de l’ancienne pendant la guerre. Photographie, 1927. ANMT 2003 6 29 5 3. Fonds dom Bellot, moine architecte (non classé).
Parmi les artistes de l’entre-deux-guerres, Paul Bellot, dit dom Bellot (1876-1944), est une figure originale. À la fois moine et architecte, il participe au renouveau de l’art sacré après la guerre.
Par sa volonté de créer des formes modernes qui répondent aux besoins de l’époque, l’approche de dom Bellot présente de nombreuses similitudes avec le programme du mouvement Art déco. On retrouve également dans ses édifices la rigueur géométrique caractéristique de l’architecture des années 1920 et 1930.
Salle de jeu du collège des Augustins d’Eindhoven (Pays-Bas). Photographie, vers 1926. ANMT 2003 6 29 1 19. Fonds dom Bellot, moine architecte (non classé).
Apparu en Europe dans les années 1910, le mouvement gagne les autres continents au cours de la décennie suivante et triomphe en Amérique du Nord dont les grandes villes voient surgir des gratte-ciel de style Art déco.
Ce rayonnement planétaire s’explique par le succès des expositions internationales qui furent organisées en France pendant l’entre-deux-guerres (l’exposition de 1925 en particulier) mais aussi par les réalisations d’artistes français à l’étranger.
« Dîner à la canadienne », menu illustré offert à dom Bellot par « les diplômés des Beaux-Arts » (1934, Québec). Dessin et texte manuscrit reproduit par diazographie, 1934. Ce menu illustré a été réalisé lors d’une série de conférences données par dom Bellot au Canada en 1934. Pour faire une copie de leur dessin, les étudiants ont eu recours au procédé utilisé à l’époque pour reproduire les plans d’architectes, la diazographie, qui permettait la création des « bleus d’architectes ». Ce document montre l’empreinte durable que le moine bâtisseur laissa dans la province canadienne où il mourut d’ailleurs en 1944. Il fut ainsi à sa façon un ambassadeur des nouveaux principes artistiques européens apparus après la première guerre mondiale. ANMT 2003 6 21. Fonds dom Bellot, moine architecte (non classé).
