Raffinerie de sucre de l'entreprise Béghin (Thumeries, Nord) : carte postale colorisée, [première moitié du XXe siècle].

Du champ à l’assiette : la transformation de la betterave sucrière

2021 - Agriculture

2021 est l'année de l'agriculture aux Archives nationales du monde du travail.
Façonner la terre, domestiquer et élever les animaux, faire progresser les techniques et les outils : l’agriculture recouvre des réalités multiples. Du paysan travaillant dans les rizières d’Indochine aux syndicalistes de Massey-Ferguson, en passant par les sucreries du nord de la France ou le gigantisme des paysages américains, cette diversité des mondes agricoles aux XIXe et XXe siècles est richement documentée et illustrée dans les fonds des ANMT.
Chaque mois, nous vous faisons réfléchir, rêver ou voyager autour de cette thématique à partir de documents inédits.

 

Raffinerie de sucre de l'entreprise Béghin : carte postale colorisée, [première moitié du XXe siècle].

 

De 1875 jusqu’à très récemment encore, la France a été le premier producteur mondial de betterave sucrière. C’est toujours la première culture industrielle de notre pays.

Du champ au sachet de sucre reposant sur les étals des épiciers, la betterave suit une chaîne de transformation dont ressort l’or blanc que nous consommons. Après la récolte opérée entre mi-septembre et fin novembre, la fabrication du sucre suit les étapes suivantes :

Champ de betteraves : photographie, [sans date].
Arracheuse à betteraves : photographie, 1960.

 

1.    La réception

Les betteraves sont livrées par camion à la sucrerie. Des échantillons sont prélevés pour mesurer notamment la teneur en sucre (saccharimétrie). Les betteraves sont traitées rapidement pour éviter leur détérioration.

 

Plan d’une tour de diffusion dessiné par l’Institut de génie mécanique de Brunswick (Basse-Saxe, Allemagne), 1955.

2.    Le lavage

Lavage des betteraves, photographie, [années 1990].

Les betteraves sont acheminées par des tapis convoyeurs jusqu’au lavoir où sont éliminés la terre, les restes de végétaux et les cailloux pris dans les racines. Les déchets organiques sont systématiquement recyclés, notamment en compost.

 

3.    La diffusion

Des cossettes, fines bandelettes de 5 à 6 cm de long, sont découpées dans les betteraves après leur sortie du lavoir. Cette forme de découpe permet d’optimiser par la suite l’extraction du sucre dans l’eau. Les cossettes subissent ensuite la diffusion, procédé au cours duquel elles circulent dans de l’eau chaude à contre-courant. Ceci permet de récupérer les composés solubles comme le sucre. Le « jus de diffusion » obtenu sort en tête du diffuseur et les cossettes dites « épuisées » de leur sucre sortent à l’arrière sous forme de pulpes. Ces dernières sont surpressées et utilisées dans l’alimentation animale.

Registre de notes d’informations techniques manuscrites d’Auguste Caron sur la fabrique de sucre d’Anizy-Pinon (Aisne), 1898-1903.

 

4.    Épuration
L'épuration du jus de diffusion sert à éliminer une partie des impuretés non solubles qu'il contient. Un traitement à la chaux dit chaulage aboutit à la précipitation des impuretés sous la forme d’un composé solide. Le chaulage est suivi de deux ajouts de CO2 servant à précipiter la chaux précédemment utilisée. Les impuretés et la chaux sont retirées par filtration.

 

Plan d’un ballon surchauffeur, 1964.

 

5.    Évaporation
Le jus obtenu après épuration contient encore 85% d’eau environ. L’évaporation, qui a lieu dans des évaporateurs à « effets » multiples, permet d’obtenir un sirop presque saturé en sucre. Les effets correspondent à des phases successives de baisse de pression permettant de diminuer la température d’ébullition du jus.

 

6.    Cristallisation

Plan d’une cuve à mélasse dessiné par la société Applevage, 1936.

La séparation du saccharose du reste des impuretés solubles toujours présentes dans le jus se fait au cours de la cristallisation. Elle est réalisée en plusieurs étapes communément appelées « jets ».

À chaque jet correspond une phase de cristallisation, de malaxage du jus et de centrifugation. Le jus est chauffé et remué dans des chaudières, ce qui augmente sa concentration. De très fins cristaux de sucre sont alors introduits dans l’appareil afin de déclencher la cristallisation par grossissement des cristaux insérés. Le mélange de sirop et de cristaux, appelé masse-cuite, passe dans un malaxeur. Le tout est ensuite centrifugé dans des turbines pour séparer les cristaux des « égouts » (jus issu de l'égouttage).
La mélasse est formée des égouts issus du 3e jet. Elle est toujours riche en sucre mais ce dernier est trop difficile à extraire sans passer par des moyens couteux et polluants. La mélasse est utilisée par l’industrie chimique et pour l’alimentation animale.

Sachet d’échantillon de sucre envoyé à un client dans le cadre du règlement d’une transaction, 1985.

 

7.    Séchage, stockage et conditionnement
Le sucre blanc cristallisé est récupéré au fond de la turbine pour être séché et refroidi. Il est ensuite tamisé puis pesé afin de correspondre aux normes et aux produits vendus. Le sucre est envoyé à l’atelier d’ensachage pour être conditionné ou vers des silos où il est stocké en vrac.

 

 

 

 

La carte postale de la raffinerie Beghin provient de la collection des pièces isolées des ANMT.

Le fonds de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) est exclusivement constitué d’archives photographiques et vidéographiques du début du XXe siècle aux années 1990. Ces documents permettent de découvrir les métiers agricoles, les activités et la vie rurale en France et en Europe.

La sucrerie du Nord-Est est issue de l’association des sucreries Montcornet, Guignicourt et Saint-Germainmont. Cette sucrerie, fermée en 1988, participait aux campagnes betteravières et transformait le produit de la terre en sucre.

Le fonds de la Sucrerie de Solesmes (36 ml) regroupe les archives de l’entreprise créée en 1851, devenue Société Anonyme en 1913, absorbée par la Société bancaire puis dissoute en 1978.

L’association mondiale des planteurs de betteraves et de canne à sucre (AMPBCS) est une organisation professionnelle internationale. Ses activités débutent en 1972 en tant qu’organisme de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA).

La sucrerie Dujardin est créée en 1847 par la famille Dujardin, issue d’une lignée d'exploitants agricoles à Seclin. Cette société, fermée en 1992, achetait et vendait des betteraves, des matières ou des produits manufacturés servant à la fabrication du sucre ou produits similaires.

La société L.B. est créée en 1960, par fusion des entreprises Baudesson, Boden, Boverat et  E. Lafosse. Le fonds d’archives (17 ml) documente l’activité de l’entreprise, orientée vers le courtage de produits issus de l’industrie sucrière et betteravière.

 

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