"On demande des volontaires pour casser la gueule aux Flahutes qui seraient traîtres à la classe ouvrière !" Les "Flahutes", ce sont les ouvriers belges qui vinrent travailler dans les usines textiles de Roubaix et de Tourcoing à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ainsi que le montre cette réplique prononcée avec virulence par l’un des personnages du roman de Maxence Van der Meersch, Quand les sirènes se taisent (1933), il leur arrivait d’être victimes d’une xénophobie qui pouvait se manifester de différentes manières : suspicion, désignations insultantes et même parfois violences physiques. L’histoire de l’immigration ouvrière en France est ainsi émaillée d’épisodes tragiques : massacre d’Italiens à Aigues-Mortes en 1893, vagues de meurtres de travailleurs d’origine maghrébine à Marseille en 1972, etc. Si ces formes extrêmes de rejet étaient relativement rares, le racisme ordinaire, celui des surnoms moqueurs et des vexations, était en revanche quotidien.