

Travail intérimaire : le NORMATT face aux abus
2025 - Travail et pauvreté
Depuis juin 2025 et jusqu’en mai 2026, les ANMT présentent leur nouvelle exposition « Vivre ou survivre. Travail et pauvreté aux 19e et 20e siècles. » Le travail est-il un bouclier face à la pauvreté ? Comment les travailleurs se sont-ils organisés pour obtenir de meilleures conditions de travail, de vie, de logement ? Quels sont les différents acteurs qui ont tenté de pallier les situations de misère des travailleurs et des chômeurs ? Retrouvez chaque mois un nouveau dossier consacré à ces thématiques sur notre site Internet.
Le travail intérimaire se développe dans les années 1950 en France, l’entreprise BIS étant la première à le proposer dans le pays. Plusieurs lois viennent encadrer ce type de contrat qui doit garder une durée limitée, mais le recours au travail temporaire s’accroit rapidement. Les causes ? L’augmentation du chômage et l’instabilité économique qui voient les entreprises réclamer une plus grande flexibilité du marché de l’emploi.
Le syndicat NORMATT (Syndicat professionnel pour la normalisation et la promotion du travail temporaire) est créé le 22 mars 1972, après la promulgation de la loi 72-1 du 3 janvier 1972. Cette dernière fixe les conditions dans lesquelles les entreprises de travail temporaire peuvent exercer leur activité. Ce syndicat patronal avait pour objectif de poursuivre l’action de cette loi. Pour entrer dans ce syndicat, il fallait strictement respecter le règlement intérieur ainsi que les conditions d’admission. Ils cherchent alors à dénoncer les excès, faire respecter les lois sur l’intérim et s’assurer du règlement des salaires et cotisations.
En effet, ce nouveau système comporte des brèches juridiques et suscite de nombreux abus. Les entreprises de travail temporaire fleurissent car il suffit d’un local, d’un téléphone et de quelques fonds pour ouvrir son agence. La situation est décrite comme anarchique.
Les nombreuses agences rivalisent alors d’ingéniosité dans leur publicité pour attirer les travailleurs en recherche d’emploi et annoncent de nombreuses primes alléchantes. Ces publicités, parfois mensongères ou trompeuses, sont notamment décriées par le NORMATT qui craint une déstabilisation du marché de l’emploi. À l’été 1972, le syndicat publie et diffuse une brochure intitulée « Le NORMATT face aux abus ». Cette plaquette, envoyée à plus de 20 000 destinataires dans les entreprises de travail temporaire, propose des annonces et dessins satiriques visant à dénoncer les mauvaises pratiques de certaines agences.
Ils produisent également des guides pratiques pour les directions des personnels des entreprises utilisatrices, offrent des bulletins d’informations et un accompagnement juridique.
Le 10 juin 1976, le NORMATT fusionne avec le SNETT (Syndicat national des entreprises de travail temporaire) pour créer l'Union nationale des entreprises de travail temporaire (UNETT) et ainsi proposer un interlocuteur unique. Parmi les mesures supplémentaires mises en place, il est écrit que chaque dirigeant d'entreprise de travail temporaire sera tenu de fournir un extrait de casier judiciaire.
Encore aujourd’hui, la France compte plus de 700 000 travailleurs intérimaires.
Source et sitographie ANMT 98 AS 478, Conseil national du patronat français (CNPF) (lien vers l'inventaire) "Fusion des deux syndicats patronaux et création d'une société de caution mutuelle", Le Monde, 1976. (lien vers l'article) Données sur le travail intérimaire en France. Dares. (lien vers la page) |