L'art du vide
L'art du vide
Les ponts du génie français, en métropole et dans le monde
Pas moins de 29 fonds d’archives en dialogue les uns avec les autres nous donnent à voir la genèse des travaux de génie civil des équipes engagées dans ces aventures toutes exceptionnelles quel que soit le pont réalisé, au quatre coins de France et du monde. Savons-nous suffisamment que l’école française des Ponts et les entreprises de travaux publics associées à ces réalisations ont été et restent dans le peloton de tête pour les connaissances scientifiques, l’ingéniosité technique et les procédés novateurs, repris dans le monde entier ?
Environ 130 ponts de toutes sortes sont présentés. Il ne s’agit pas seulement d’admirer des plans, des croquis et des photographies, mais l’exposition nous convie à aller au fond des dossiers qui nous rappellent qu’un pont, ce sont aussi des calculs savants, une esthétique, des matériaux, des finances, des hommes différents réunis dans une œuvre collective, des audaces et des risques, des ratages et des recommencements, des litiges et des contentieux, des drames et des fêtes aussi, une réorganisation de l’espace et donc du temps. Le pont change profondément le lieu où il est implanté et la population qui l’utilise, mais encore tout autant l’environnement lointain par les liens nouveaux qu’il autorise et la manière dont il les organise, comme le rappelle opportunément le philosophe américain Andrew Feenberg.
Sans doute ne retrouverez-vous pas forcément « votre » pont. Mais vous verrez un nombre important d’ouvrages de la métropole, dont le premier pont en fer de Paris : la passerelle des Arts (1802), ainsi que de multiples exemples en outre-mer, dans les anciennes colonies françaises et plus largement dans le monde entier. Sont exposés des documents originaux de chantiers en Algérie, Belgique, Brésil, Congo belge, Côte-d’Ivoire, Danemark, Écosse, Égypte, Espagne, Gabon, Guinée, Honduras, Indochine, Indonésie, Irak, Italie, Mexique, Nigeria, Pays-Bas, République fédérale allemande, Roumanie, Turquie, Venezuela. Les contraintes raisonnables imposées par l’exposition ont obligé à limiter la sortie des archives de l’obscurité tranquille de leurs magasins.
Cette exposition a donné lieu à une publication.