Les immigrés apparaissent comme un ensemble indifférencié. Il existerait un immigré-type, reproduit en quatre millions d’exemplaires. Le résultat est que dans l’esprit des Français, l’immigré se confond le plus souvent avec l’Arabe, parfois avec l’Africain noir. Alors accourent les vieux préjugés : l’immigré a le teint basané, il est sale, il vit au milieu d’une marmaille bruyante. […] La première étape de la compréhension consisterait pourtant à reconnaître les différences, les particularités. L’immigré, ou plutôt les immigrés commenceraient à exister. Les jugements hâtifs tomberaient d’eux-mêmes. Chacun d’entre nous prendrait connaissance de la réalité de l’immigration, à savoir des populations très diverses enfermées dans une situation semblable.
- Extrait d’une allocution prononcée en mai 1976 par Paul Dijoud, alors secrétaire d’État aux travailleurs immigrés du gouvernement de Jacques Chirac (ANMT 72 AS 1012)
Ces quelques phrases prononcées par le giscardien Paul Dijoud il y a près de cinquante ans ont une résonance très actuelle. La tendance des sociétés d’accueil à développer une vision figée, voire stéréotypée, des nouveaux venus apparaît en effet comme l’une des constantes de l’histoire de l’immigration. Il s’agit pourtant d’une réalité à la fois diverse et mouvante, les profils des immigrés variant en fonction d’une infinité de facteurs, tels que le genre, l’âge, le caractère temporaire ou permanent de la migration, les motivations des personnes ou encore leur région d’origine.