L’pot au burre fait la fraude
- Extrait d’une chanson de la fin du XIXe siècle en patois roubaisien intitulée "Les pots au burre", Bibliothèque numérique de Roubaix
Vole eu l’gouvernemint,
In trafit’chant d’la sorte
Gagne vingt sous chaq’ matin.
Dans ces quelques lignes révélatrices de la xénophobie anti-belge qui pouvait exister dans les villes frontalières du Nord à la fin du XIXe siècle, le parolier s’en donne à cœur joie pour critiquer la main-d’œuvre venue du plat pays, à laquelle il fait référence par les mots "pot au burre". Cette expression renvoie au pot de beurre que le frontalier amène avec lui avec d’autres produits belges, sans rien acheter en France, et désigne par métonymie le travailleur lui-même. Par l’usage du singulier et les allusions répétées aux tares présumées des travailleurs belges (la pingrerie, la malhonnêteté), il réduit une multitude d’individus à un profil unique et caricatural censé les représenter tous. La réalité est bien évidemment tout autre. C’est la diversité qui caractérise les centaines de milliers puis millions d’ouvrières et d’ouvriers venus de pays et d’horizons différents et dont le principal trait commun – sinon le seul – est de s’être rendus en France.