Tous les travailleurs immigrés ne se rendent pas en France avec l’intention d’y rester. La durée du séjour est au contraire extrêmement variable. Pour les ouvriers belges travaillant dans les filatures textiles du département du Nord à la fin du XIXe siècle, c’est seulement l’affaire de quelques jours par semaine voire quelques heures par jour. Dans ce dernier cas, on ne peut alors plus parler d’immigrés, dans la mesure où le lieu de résidence reste le pays d’origine. Certains autres travailleurs viennent en France le temps d’une ou de quelques saisons, comme les premiers émigrés algériens envoyés en métropole par leur communauté villageoise, entre les labours de la fin de l’automne et les moissons du milieu de l’été. Cette émigration qui n’est pas destinée à durer est presque toujours masculine. D’autres encore trouvent un emploi en France pendant quelques années avant de s’en retourner chez eux, peut-être déçus par la réalité du pays d’accueil qui ne correspond pas à leurs rêves, ou bien tout simplement parce qu’ils ont été renvoyés (comme de nombreux mineurs polonais dans les années 1930 par exemple). L’ampleur de ces retours est difficile à évaluer. L’historien Gérard Noiriel estime qu’ils concernent sans doute plus du tiers des populations immigrées. Enfin, beaucoup choisissent de s’établir en France.