"Petite Espagne" de la Plaine Saint-Denis, "Cité des Italiens" de l’Aveyron, à Decazeville ou à Cransac, "Petite Pologne" des villes minières du Nord, du Pas-de-Calais ou de Saône-et-Loire… Les exemples de noms de lieux faisant allusion à des regroupements de travailleurs de même nationalité ne manquent pas dans la toponymie de la France ouvrière. Ils traduisent le besoin des émigrés de recréer un environnement familier tout autant que les stratégies des employeurs qui cherchent parfois de cette façon à stabiliser leur main-d’œuvre. Au-delà du rassemblement dans un même quartier, les nouveaux venus s’emploient aussi à reconstituer leur milieu d’origine. Les ouvriers immigrés conservent d’ailleurs très souvent des liens avec leur terre natale, comme en témoignent les flux qui les rattachent à leur famille restée au pays (visites, échanges de courrier, transferts de devises, etc.).