Les immigrés ont longtemps été poursuivis par l’image de l’ouvrier étranger docile et peu solidaire, du casseur de grève. Par exemple, c’est ainsi que les travailleurs des filatures roubaisiennes perçoivent leurs homologues belges dans le roman de Maxence Van der Meersch Quand les sirènes se taisent. De nombreux exemples de politisation semblent pourtant démentir ces préjugés. S’il est vrai que les premiers immigrés flamands évitaient de s’engager de peur d’être chassés du territoire, la deuxième génération, encouragée par la vigueur du syndicalisme belge, se distingua au contraire par un haut degré de mobilisation. C’est grâce à cet électorat que le socialiste Jules Guesde put entrer à l’Assemblée nationale en 1893, ce qui lui valut d’ailleurs d’être désigné avec dédain par ses détracteurs comme "le député des Belges". Pendant l’entre-deux-guerres, les progrès du communisme dans les villes sidérurgiques et minières de Lorraine s’expliquent en partie par l’importance de la communauté italienne antifasciste et fortement politisée. Dans les années 1970, les mesures visant à diminuer l’immigration de travail en France sont à l’origine d’une forte vague de mobilisation des sans-papiers qui utilisent la grève de la faim pour contrer l’application de textes qui leur sont défavorables.