Selon une idée répandue, le monde patronal serait passé au travers de l’épuration à la Libération. Les archives montrent au contraire le nombre considérable de procédures qui ont été ouvertes, sous différentes formes : arrestations immédiates, mises sous séquestre provisoire d’entreprises, instructions en cour de justice, examens par les commissions professionnelles, saisines des comités de confiscation de profits illicites, etc. De nombreux patrons ont bien eu des « ennuis ». Mais les procès et surtout les condamnations définitives ont effectivement été plus rares, même si pas inexistants. Qu’a-t-il été reproché aux patrons ? Pourquoi ont-ils bénéficié d’une certaine indulgence ?

Venez écouter ce que disent les archives de l'entreprise Arbel, dont le patron a été poursuivi en justice pour collaboration économique avant d'être acquitté en 1949.

Ce documentaire se propose de visiter un aspect de l’histoire de l’Occupation de la France qui a été peu évoqué, celui de la collaboration économique entre les entreprises françaises et l’Allemagne nazie. Ce chapitre fait effectivement un peu office de parent pauvre, pourtant, à y regarder le plus près, il renferme de nombreuses clés de compréhension de cette période sombre… À la faveur de l’ouverture progressive des archives, les historiens parviennent aujourd’hui à se faire une idée claire de ce qu’a été cette collaboration, ou plutôt de ce qu’ont été ces collaborations, les cas de figures étant innombrables.
Au-delà de l’histoire politique et militaire de la Seconde Guerre mondiale maintes fois abordées, ce film s’interroge sous l’éclairage de sa réalité économique et sociale. Quelques 75 ans plus tard, il est facile d’apprécier une situation dont on connaît l’issue, et de distribuer bons points aux "courageux résistants" et blâmes aux "infâmes collabos". Mais, comme toujours, la réalité est infiniment plus complexe…