On a parfois tendance à réduire l’histoire de l’immigration ouvrière à un phénomène purement masculin. Il est vrai que les emplois industriels drainent souvent d’abord des travailleurs. Les hommes sont alors surreprésentés dans les premières générations d’immigrés. Mais lorsqu’ils choisissent de s’établir en France, il n’est pas rare qu’ils soient rejoints par leurs épouses, dont certaines travaillent à leur tour dans des usines, des mines ou des exploitations agricoles. Cette main-d’œuvre bon marché représente une aubaine pour les entreprises. Plus rarement, des étrangères viennent de leur propre initiative rechercher un travail en France, comme ces Polonaises employées dans les exploitations agricoles de l’Indre-et-Loire pendant l’entre-deux-guerres. Seules, isolées (notamment par leur ignorance de la langue), elles se retrouvent alors dans une situation de grande vulnérabilité.