Le train est une histoire de femmes et d’hommes. Dès ses débuts, le chemin de fer exige une main d’œuvre importante : il faut tracer et construire le réseau ferré, dessiner et fabriquer le matériel de traction, atteler et faire circuler les trains, organiser et surveiller le trafic des marchandises puis des voyageurs.
C’est la Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à la Loire qui construit et exploite la première ligne de chemin de fer commerciale en Europe continentale. Elle ouvre en 1827 dans le but de relier sur une dizaine de kilomètres Pont-de-l’Âne (hameau en périphérie de Saint-Étienne) au port d’Andrézieux (Loire). Elle est conçue à l'origine pour acheminer le charbon vers les lieux de consommation ou de transformation.
À l’aube du XXe siècle, ce sont cinq à six grandes compagnies qui se partagent l’exploitation du chemin de fer français. Très vite leurs employés commencent à s’organiser en un corps unifié. Ils se reconnaissent par une identité commune, celle de « cheminot ». Cette identité professionnelle est le résultat d’un fragile équilibre entre unité cheminote et diversité des métiers ferroviaires.
Vie communautaire, luttes sociales et résistances ont incontestablement soudé une corporation qui au gré des circonstances, se resserre ou se délite. Ce corps s'incarne symboliquement dans quelques figures emblématiques (conducteur de train, contrôleur ou agent d’accueil), qui sont toutefois loin de représenter les 15 métiers nécessaires au bon fonctionnement du train. Surmédiatisés et pourtant mal connus, divers mais unis, revendicatifs parce que menacés, les gens du rail s'exposent, au-delà de ces apparents paradoxes.